Alors que le secteur nourrit chaque jour en France 10 millions de personnes et représente un chiffre d’affaires de 18 milliards d’euros, la restauration collective fait face dans notre pays, depuis plus d’un an, à un contexte d’inflation historique.
Les avancées législatives, impulsées par les lois Egalim 1 et Climat & Résilience, sont des opportunités pour progresser sur les sujets d’alimentation durable. Mais la montée des prix des matières premières, des matériaux, des emballages, des transports, l’inflation des prix alimentaires à hauteur de 14%, l’augmentation des coûts de l’énergie, fragilisent nos activités, pourtant essentielles auprès de toutes les tranches de la population et mettent en péril notre indispensable mission d’utilité publique. La restauration collective doit être soutenue. Aujourd’hui, la situation est critique. Il faut impérativement et urgemment adapter les prix au niveau de l’inflation réelle constatée dans notre secteur.
En tant qu’acteur de référence sur le marché français, ces difficultés nous touchent de plein fouet et risquent de déstabiliser non seulement nos organisations mais aussi l’ensemble de notre écosystème (producteurs, éleveurs, fournisseurs, économie locale). Nous devons nous mobiliser collectivement et maintenant pour accélérer la revalorisation des prix du secteur en France.
Malgré ce contexte inédit et hostile, nous faisons le choix de continuer d’investir, de poursuivre nos engagements et de les renforcer pour promouvoir le bien-manger. Je veux rappeler que, grâce aux 14 000 collaborateurs que j’ai à mes côtés, nous servons plus d’un million de repas par jour. Nous avons un rôle central dans la vie des Français, de l’éveil des enfants aux bienfaits d’une alimentation équilibrée en passant par le bien-être au travail des salariés dans leurs restaurants d’entreprises, jusqu’au réveil des papilles de nos aînés pour que le repas soit pris avec plaisir et ainsi favoriser la lutte contre la dénutrition.
C’est la raison pour laquelle nous nous engageons aux côtés des filières de production françaises et des acteurs de l’économie sociale et solidaire dans les territoires, en faisant évoluer drastiquement notre politique d’achat. Equité. Pour répondre aux engagements inscrits dans la loi Egalim, depuis le 1er janvier nous proposons déjà au moins 50 % de produits durables et de qualité. En signant un accord unique avec la Coopération Agricole, nous allons plus loin en soutenant le secteur agricole français et contribuons à notre échelle à la souveraineté alimentaire de notre pays. Cela nous permet aussi d’assurer le développement et la pérennité de certaines filières de production telles que la viande bovine et les légumineuses, et de garantir très en amont aux producteurs des volumes d’achats, au juste prix.
Aujourd’hui, nous sommes fiers de cette démarche vertueuse qui fait évoluer nos achats vers une politique d’approvisionnement exclusivement française. Mais ces engagements ont un coût que nous ne pouvons plus porter seuls. Ce rôle de lien social nous donne des obligations et des devoirs moraux. Nous devons œuvrer, tous ensemble, pour atteindre une équité du secteur. Nous avons engagé à nos côtés nos clients privés mais aussi les collectivités et les mairies pour supporter ensemble les hausses de prix. Chacun doit prendre aujourd’hui ses responsabilités.
Nous sommes un maillon dans une chaîne de nombreux acteurs, tous interdépendants, du champ à l’assiette. Nous avons la responsabilité collective de limiter les impacts sur l’économie locale et les filières agricoles françaises déjà fortement fragilisées par le contexte macroéconomique et réglementaire. C’est ensemble que nous devons agir pour redonner à notre métier, la restauration collective, un sens qu’il porte par nature : celui du collectif.
Camille Berthaud,
Président Directeur Général de Compass Group France